Mobilité: risque de baisse de la productivité ?

Les outils mobiles, nous l’avons vu précédemment (Le BYoD, concept marketing ou opportunité de performanceLe collaboratif : nouvelle méthode de travail pour augmenter la réactivité et la rentabilité de l’entreprise), sont autant d’opportunités de performance, d’innovation et d’agilité.

Mais, cet accès mobile à toute information, à toute heure et de partout peut aussi présenter des risques de perte de productivité… on parle bien ici de surfer sur le web 2.0.

Selon une étude d’Experian, sur chaque heure passée en ligne en 2012, 16 minutes étaient consacrées aux seuls réseaux sociaux, soit 27 % du total.
Les réseaux sociaux et les outils collaboratifs et de gestion des connaissances (wiki, blog, etc.) permettent aux collaborateurs d’avoir plus d’autonomie dans la réalisation de leur travail au quotidien et un accès facilité à l’information.
En plus, avec les usages mobiles, plus besoin d’être présent sur le lieu de travail pour bien accomplir ses tâches au quotidien. Du moment où chaque collaborateur est joignable à tout moment de la journée et qu’il ait accès aux outils et à l’information.

Soit. Mais même si ces outils mobiles utilisés pour accéder à l’information et communiquer augmentent la réactivité de l’entreprise, la multiplication excessive de son usage ne risquerait –elle pas d’entraîner une baisse de rendement des entreprises ?  Rédaction excessive de courriers et de messages électroniques, alimentation de divers outils de l’entreprise (blog, wiki, outils de reporting), navigation prolongée sur internet, les réseaux sociaux etc.

Les réseaux sociaux, pourquoi on les utilise en entreprise ? Pour par exemple obtenir rapidement des réponses à des questions avec un degré de confiance plus élevé qu’en utilisant un moteur de recherche. Ainsi, par expérience, lorsque je pose une question pratique ou technique sur Twitter, celle-ci est souvent re-tweetée et au bout d’une dizaine de minutes je reçois plusieurs dizaines de réponses dont 80-90% sont correctes.
C’est aussi le lieu d’exercice idéal de la sérendipité. En clair, on y trouve ce qu’on n’y cherchait pas au départ. Cette sérendipité est idéale pour la veille, l’innovation, le partage d’une culture avec ses pairs, et le développement de son domaine de spécialisation aux contacts des experts. Cette capacité à trouver, plus ou moins vite, autre chose que ce que l’on était venu chercher au départ.

Mais participer aux réseaux sociaux est rapidement addictif. S’il permet dans un premier temps d’occuper utilement son temps de pause au travail, il peut, après quelques temps devenir un besoin qu’il est nécessaire de satisfaire à intervalle régulier. De même que l’on va voir toute les heures si on n’a pas reçu un nouvel email, on est alors susceptible d’aller voir trop fréquemment si on n’a pas reçu un nouveau tweet, un nouveau reply, un nouveau direct message… Faute d’un réglage adéquat, les réseaux sociaux sont des émetteurs de mails trop fréquents susceptibles d’engorger votre boîte aux lettres.
Et puis la sérendipité peut aussi constituer un frein à la réalisation rapide de tâches simples. Parfois, on aurait pu trouver la réponse plus vite dans le moteur de recherche Google ou dans Wikipédia qu’en collaborant de façon trop systématique avec son réseau. La sérendipité c’est bon pour la formation et les nouvelles idées, mais pas pour la productivité à court terme

Alors on pourrait trouver un juste milieu et établir des règles d’usage en entreprise et bloquer l’accès à des sites jugés non professionnels mais c’est du coup prendre le risque de démotiver un employé qui comprendra qu’on lui accorde peu de confiance et d’autonomie. On le coupe d’une transformation sociétale importante et on encourage d’autres comportements comme l’utilisation de Wifi piraté ou de smartphones personnels pour surfer…

L’usage des mobiles c’est aussi travailler de chez soi, regarder ses emails pros dans le metro ou sur sa serviette de plage en vacances, répondre à des appels hors heures de travail… alors finalement, surfer sur les réseaux de manières parfois improductive n’est-il pas compensé par ces autres heures où espace privé et espace professionnel se confondent ?