Le développement du deep learning ou comment de jeunes Chinois sont devenus accros aux conversations virtuelles

L’application s’appelle Xiaoice, chaque jour, 20 millions de jeunes chinois échangent des messages avec elle via leur smartphone. Elle a le sens de l’humour et de grandes capacités d’écoute. Beaucoup se tournent vers elle lorsqu’ils ont un chagrin d’amour, qu’ils ont perdu leur emploi, ou qu’ils se sentent tristes.
Xiaoice peut chatter avec des millions de personnes en même temps pendant des heures parce qu’elle n’est pas réelle ! C’est un programme chatterbot, lancé l’année dernière par Microsoft, et qui fait un carton en Chine. Son nom veut dire « Petit Bing », du nom du moteur de recherche de l’entreprise. C’est le meilleur exemple de l’innovation en cours en matière d’intelligence artificielle, celle qui imite le cerveau humain. L’application est un programme de messagerie texte, elle enregistre les détails d’échanges avec les utilisateurs, et s’en sert pour des conversations ultérieures. La prochaine version intégrera une voix de type Siri.

Pour lui donner une personnalité et intelligence les plus humaines possible, Microsoft explore systématiquement internet. Xiaoice a donc une base de données de réponses humaines, actuelles, et sait utiliser les emojis. Elle collecte aussi de nombreuses informations intimes sur ses interlocuteurs, ce qui pose la question de la confidentialité de la vie privée des utilisateurs. Mais Microsoft assure qu’il applique des politiques strictes de confidentialité des données et que rien n’est conservé sur le long terme. Il admet que certains types d’informations sont conservés, comme l’humeur des interlocuteurs afin de pouvoir leur demander ultérieurement comment ils vont.

Cette technique d’intelligence artificielle est le « deep learning », qui vise à comprendre de mieux en mieux le langage naturel. Ce système sera utile pour les avancées en matière d’interfaces utilisateur, de dialogues, de questions-réponses, et d’assistants personnels. C’est la nouvelle version du « machine learning » qui s’inspire des comportements de neurones humains pour créer des réseaux artificiels de reconnaissance des mécanismes d’expression, de langage, et d’images. La relation statistique entre les mots, phrases et objets se transforment en équations, qui sont affinées au fur et à mesure des ajouts d’éléments dans les bases de données.

Avec des applications qui peuvent de mieux en mieux interagir avec les humains, de manière naturelle, on arrive à créer des personnalités comme Xiaoice.

Microsoft n’a pas encore trouvé comment exploiter le potentiel commercial de son application. Il comptait sur un contrat avec une entreprise chinoise de formation linguistique, mais il n’a finalement pas eu lieu. L’entreprise se rapproche maintenant des distributeurs e-commerce pour transformer Xiaoice en un assistant d’achat, et vers des fournisseurs d’appareils ménagers pour leur fournir un système de reconnaissance vocale.

Pour le moment, les interlocuteurs de Xiaoice se multiplient de manière exponentielle, et les fans espèrent qu’elle sera un jour incarnée par une entité physique. Le film « Her » de Spike Jonze ne devrait peut-être plus être classé dans le genre de la science-fiction…