Le Big Data au service du Green IT : deux problématiques d’avenir

Le traitement des big data peut-il s’inscrire dans une démarche durable ?
2% des émissions de gaz à effet de serre sont dues aux matériels et infrastructures informatiques. Un pourcentage qui égale d’ailleurs celui du transport aérien.
La consommation électrique des centres de données est devenue le principal problème, due à la croissance exponentielle des données big data.

Pour fonctionner, certains data centers consomment plus qu’une ville de 100 000 habitants. A l’échelle mondiale, ces infrastructures engloutissent 1,5% de la consommation électrique, l’équivalent de la production de 30 centrales nucléaires.

Un serveur fonctionnant à 20% de ses performances utilise 60% de consommation électrique. En revanche, il consomme 100% d’énergie à 100% de performances. Malheureusement, la majorité des serveurs sont utilisés à des taux de performances bas (en moyenne 15%), et consomment donc plus que s’ils étaient utilisés à plus forte charge.

Dans un documentaire présenté au Festival international du film scientifique par la journaliste Coline Tisson et le réalisateur Laurent Lichtenstein qui s’intitule Internet, la pollution cachée, il est expliqué que le moindre petit courriel parcourt en moyenne quinze mille kilomètres entre l’ordinateur qui l’envoie et celui qui le reçoit. En effet, les connexions sur le Web ne se font pas en ligne droite mais empruntent des chemins détournés. Même pour communiquer avec ses proches voisins, un mail passera sans doute par les Etats-Unis et parcourra la moitié de la planète avant d’arriver à son destinataire…et c’est bien ça le problème.

De nombreux acteurs du marché s’orientent vers les réductions de consommation d’énergie.

Par exemple, pour les datacenters HP propose plusieurs services qui permettent de réguler, et donc de réduire, la consommation d’énergie. Il propose des applications de modélisation thermique d’un centre de données en 2 ou 3 dimensions et de modélisation des zones d’influence des climatiseurs, et les rapports qui en découlent. Puis il propose la mise en place de sondes installées sur les racks, qui permettent de collecter les mesures en temps réel. Coté serveurs, HP investit depuis un certain temps sur le blade (plus compact car plusieurs composants sont enlevés et mutualisés dans un châssis capable d’accueillir plusieurs serveurs lames). Il s’engage aussi à réduire sa propre consommation énergétique, dans ses nombreux locaux (bureaux, usines, data center).

Apple développe des fermes de panneaux solaires gigantesques, Google fait de même ou investit dans des barrages hydroélectriques, tous les bâtiments construits pour Microsoft sont basse consommation, jusqu’à Facebook qui aménage ses serveurs au plus près de centrales thermiques, afin d’éviter les dépenses liées au transport de l’énergie.

R&M, spécialiste suisse des infrastructures de câblage, fait partie des signataires du Code de conduite européen pour l’efficacité énergétique dans les datacenters. Il propose à ses clients un câblage réseau et un système de gestion intelligente d’infrastructure qui permet aux centres de données de réduire leurs besoins en énergie jusqu’à 10%. Ils ont aussi développé une technologie qui permet de réduire la longueur des câbles de liaison, et permet ainsi de faire économiser sur les matériaux et ressources, et améliorer la circulation de l’air, donc dégager des économies d’énergie.

La motivation n’est pas qu’écologique, par exemple, OVH table aussi sur les économies d’énergie, mais parce que si il dépense deux fois moins d’énergie que ses concurrents, ses solutions pourront être bien moins chères et ainsi faire la différence sur le marché.

La tendance actuelle est à la réduction de la consommation d’énergie. Néanmoins, le réel effet bénéfique est encore loin, mais les initiatives se multiplient et sont loin d’être vaines, surtout quand elles émanent des leaders de l’industrie.