Avec 20% de terre sous le niveau de mer et la moitié du pays inondable, les Pays Bas possèdent un vaste réseau de digues et écluses pour retenir et détourner la mer, les rivières et l’eau de pluie. Son système évolue depuis plus de 500 ans et de manière très efficace, mais avec le réchauffement climatique, la menace de la montée du niveau de la mer, et de sécheresses, le pays ne peut pas se reposer sur ses lauriers. Le gouvernement lance donc une collaboration innovatrice qui utilise les big data pour améliorer la gestion du système d’eau.
Le projet réunit le Ministère Hollandais des eaux, l’autorité des eaux locale, l’institut scientifique Deltares, l’université de Delft, IBM, et d’autres organisations.
Il est prévu de collecter et intégrer des données sur l’eau générées par la centaine de projets qui la produisent, et la rendre disponible aux entreprises et scientifiques afin d’en tirer des informations.
Ce projet pourra servir de modèle aux pays, régions et villes qui font face aux mêmes défis liés aux changements climatiques, aux catastrophes naturelles, à l’urbanisation rapide.
Les inondations et sécheresses peuvent provoquer des ravages pour l’agriculture, l’industrie, les immeubles et systèmes de transports. Le niveau de la mer global a déjà augmenté de 10 à 20 cm en 100 ans et les spécialistes prévoient qu’elle pourrait augmenter de 25 à 60 cm d’ici à 2100.
Avec cette menace, même les pays qui ont la situation en main doivent essayer de nouvelles approches, en partie en intégrant les systèmes actuels du contrôle de l’eau. Les Pays Bas dépensent déjà 7 milliards d’euros par an pour la gestion de l’eau, et cette somme devrait augmenter de 1 ou 2 milliards par an d’ici à 2020. C’est pour cela que le Ministère hollandais a commencé à explorer de nouvelles voies depuis 3 ans, notamment avec les nouvelles technologies et la manière dont elles peuvent aider à gérer l’eau de manière plus efficace. Ces efforts ont abouti au projet « Digital Delta ». L’objectif est qu’avec de meilleures informations, les autorités locales pourront mieux éviter les désastres environnementaux, et réduire leurs couts de gestion de l’eau de 10 à 15%. Le projet comporte plusieurs pans.
Un système d’alerte aux inondations haute résolution : en collectant l’information météo en temps réel grâce à des capteurs dans le système de gestion de l’eau, les autorités pourront prédire les inondations à l’avance et prendre les mesures appropriées. L’équilibrage de l’alimentation en eau : le partage de données en temps réel améliorera les modèles de prévisions et permettra aux experts de libérer l’eau des zones de stockage en vue d’anticiper les inondations.
Ils pourront aussi retenir l’eau pour éviter les pénuries qui pourraient entrainer l’intrusion d’eau de mer salée qui détruirait l’agriculture et l’eau potable. Maintenance préventive : par l’utilisation de capteurs dans les digues, écluses, tuyaux, tunnels et routes, les autorités seront en mesure de repérer les vulnérabilités potentielles à l’avance et de planifier en fonction. Elles pourront se concentrer sur les problèmes à traiter et ne pas passer du temps sur des réparations qui ne sont pas nécessaires.
Récemment, des inondations ont ravagé l’Europe Centrale, et pourtant les Pays Bas, qui fournissent un accès à la mer au Rhin et d’autres grands fleuves européens, les ont évitées. Le projet « Digital Delta » permet désormais de sécuriser les populations et l’économie. Il pourrait donner l’exemple à d’autre pays qui ont besoin de se protéger des manifestations météorologiques critiques et de la montée du niveau de la mer.