Olivier Macaigne, Directeur Général de CloudSmart
Olivier Macaigne travaille dans l’informatique depuis 15 ans, de chef de projet il a évolué vers des postes DSI, dans des sociétés de conseil en infrastructure et matériel informatique. Il a ensuite suivi un Executive MBA, à l’ESSEC et MANNHEIM. Il est aujourd’hui entrepreneur, consultant en développement organique et financier des entreprises, et co-fondateur de CloudSmart.
CloudSmart est une entreprise de service 100 % Cloud. Notre stratégie est de fournir un système d’information comme on consomme aujourd’hui de l’électricité, sans se soucier de la manière dont cela fonctionne. On paye un abonnement, une consommation et on consomme ce dont on a besoin. Nous intégrons également la fourniture de la téléphonie et de la connectivité Internet. Notre technologie est basée sur des technologies existantes et évolutives du monde du libre, mais notre offre intègre les offres de produits d’éditeurs plus connu, comme Microsoft.
Quelle est selon vous la technologie la plus intéressante du moment ?
Plus qu’une technologie, c’est la révolution des mentalités qui est intéressante. La technologie est devenue plus accessible donc plus facile à adopter. Mais au-delà des coûts, nous assistons également à une révolution de l’usage du système d’information, par le travail mobile. Inutile d’être au bureau pour travailler. D’ailleurs, l’usage d’un système d’information nomade commence à se généraliser.
Quelle est selon vous la technologie qui fait du buzz et qui ne sert à rien pour le moment ?
Le Big Data fait du Buzz, c’est une notion qui existe déjà, il n’y a pas de rupture technologique. Les investisseurs sont focus dès que l’on parle de cette technologie, mais il y a eu le même phénomène pour les ASP / SaaS, etc. Le marketing permet de faire du neuf avec du vieux.
Un exemple de projet sur lequel vous avez travaillé, pour lequel, sans une technologie lancée ces cinq dernières années, rien n’aurait été possible ?
Notre projet de CloudSmart n’aurait pas été possible il y a encore 5 ans, chaque technologie était disponible, mais l’agglomération de ces technologies n’aurait pas été économiquement viable. C’est le cas aujourd’hui avec en plus des économies substantielles réellement très importantes et surtout immédiates. De plus, les contraintes techniques étaient surmontables mais auraient nécessité des développements propres, incompatibles dans le temps.
En quoi les nouvelles technologies ont transformé votre rôle ?
La technologie a surtout réduit les distances, en kilomètres mais aussi entre les personnes. Entre les niveaux hiérarchiques, les clients, les fournisseurs. Via les réseaux sociaux bien évidemment, mais ce n’est que le dessus de l’iceberg. Tout cela fonctionne parce que l’on dispose de l’Internet « gratuit », rapide et disponible presque partout. Tout cela fonctionne également parce que les infrastructures deviennent de plus en plus facilement intégrables, les applications de plus en plus évoluées. Qui se souvient encore de la difficulté d’installer une carte réseau il y a 20 ans, ou de la compétence pour installer un soft ? Désormais tous cela est simple, opérationnel et rapide.
Quelle est la nouvelle technologie qui n’existe pas encore et qui sera révolutionnaire demain ?
C’est une question très complexe que de parler de ce qui n’existe pas. Ce que l’on peut constater en regardant le passé, c’est que les technologies que l’on utilise aujourd’hui ont été inventées il y a très longtemps.
Il y a plusieurs projets qui sont encore dans les cartons des centres de recherches. Je pense que l’une des prochaines révolutions sera portée par la technologie des calculateurs quantiques. Mais là aussi, cette technologie a été conçue dans les années 1970 (Il y a 40 ans …). Nous devrions atteindre les limites de la technologie actuelle (d’après la loi de Moore) en 2020. C’est juste dans 5 ans …..
Les besoins en calcul sont énormes. Les besoins en communication sont également énormes, on parlera bientôt de la saturation des réseaux de fibre optique. Une technologie permettant d’augmenter les débits sera certainement mise en place, poussée par le besoin. Peut- être en utilisant les technologies de multiplexage de la lumière.
Que conseillez-vous aux étudiants qui sortent de l’école aujourd’hui et seront les DG de demain ?
Qu’il faut surtout aimer apprendre et surtout être « Agile ». Les usages et les technologies de demain vont évoluer très rapidement. Il faut accepter que ces usages futurs n’existent pas encore donc qu’il est inutile de les imaginer.
Je pense que même notre regard face au monde du travail évoluera. Pourquoi ne pas travailler pour plusieurs entreprises en même temps ? Pourquoi ne pas contribuer à des conglomérats ? Les compétences peuvent être multiples et apportées sur des projets différents, qui n’ont d’ailleurs rien à voir entre eux. La mixité, l’échange, les synergies, tous ces concepts trouveront leur pleine expression avec, justement, le développement des technologies d’échange.
En appliquant la théorie des cercles sociaux, conjuguée aux capacités de croisement qu’apportent les technologies de communication actuelle, on décuple les potentiels. Il faut simplement résoudre le problème de la confiance. Ce n’est pas parce que vous êtes amis sur Viadeo, LinkedIn, Facebook, etc. que vous êtes amis et prêt à réaliser des choses ensembles.
Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné ? (qui vous l’a donné ?)
J’en ai reçu plusieurs. Celui que je préfère, vient d’un Directeur de CAP GEMINI : la vie professionnelle est longue comme un marathon. Il faut savoir gérer son effort. C’était un marathonien….
Au-delà de cette analogie, il me semble important d’en retenir les principes : effort, surpassement, durée, préparation, etc. Avec ces valeurs, on peut réaliser de grandes choses.
Quelle question voulez-vous que je vous pose ? Et quelle est votre réponse ?
Vivons-nous une révolution industrielle ?
Depuis l’avènement de l’informatique, accélérée par l’émergence des communications, nous vivons une véritable révolution industrielle. Cette révolution est plus radicale que les précédentes car elle n’est pas uniquement mécanique (comme l’était la transformation du cheval en cheval vapeur).
Cette révolution modifie profondément les modèles de la valeur ajoutée, prenons l’exemple de la valorisation boursière de King Digital Entertainment (Candy Crush), qui atteint entre 4 et 5 mds de $. Mais également la chaîne de construction de cette valeur ajoutée. Les outils à disposition des entrepreneurs leur permettent d’atteindre des marchés en taille et territoire auxquels ils n’auraient jamais eu accès auparavant. L’impact du marketing rend ces outils encore plus performants. En réduisant les intermédiaires pour pénétrer ces marchés, on les élimine. La marge est laissée aux utilisateurs finaux.
Cette révolution transforme les usages du travail et son écosystème, et les remet en cause. Nous n’en sommes qu’au début de cette révolution, son impact dans la société ne fait que commencer. Notre vision du monde du travail, de son organisation dans le temps et dans l’espace va être totalement repensée. L’impact de cette révolution est difficile à résumer en quelques lignes, mais elle sera nourrie de l’appropriation que les générations successives se feront de ces changements, car elle touche aux modèles sociaux.