Une récente étude de la publication américaine Harvard Business Review (HBR), le Digital Evolution Index révèle que l’Europe serait en récession numérique.
50 pays ont été sondés, 23 européens, et parmi eux, seuls la Suisse, l’Irlande et l’Estonie se hissent à un niveau honorable. C’est-à-dire que leur développement numérique est considéré comme attractif pour le marché et les investisseurs, et que leur écosystème numérique peut faire émerger des start ups et entreprises numériques compétitives à l’échelle mondiale.
Parmi les pays en récession sont listés l’Allemagne, le Royaume Uni, la Finlande, La Suède et la France. L’Europe se fait déborder par les Etats Unis et la Chine, leaders en matière d’innovation technologique. Elle est placée en troisième position derrière l’Amérique du Nord et l’Asie.
Le HBR propose 4 pistes pour sortir l’Europe de sa récession numérique:
1 – Plus d’investisseurs privés. Dans son classement des licornes (ou entreprises financées par des capital risqueurs) à plus de 1 milliard de dollars, Le Wall Street Journal répertorie 8% d’entreprises européennes, 25% asiatiques, et 67% américaines.
En Europe, la croissance a toujours été financée par les banques et le financement privé est encore perçu comme douteux, et complexe. En 2014, les financements privés ont atteint 37,9 milliards de dollars aux Etats Unis pour seulement 7,75 milliards en Europe. Les OPA aussi sont complexes à réaliser, et les entrepreneurs européens souhaitant vendre leurs entreprises se tournent plutôt vers les USA. Par exemple, Skype, fondé en Estonie en 2003, a été racheté par eBay en 2005 (2,6 milliards de dollars), puis par Microsoft en 2011 (8,5 milliards).
L’Europe, pour attirer plus d’investissements dans le secteur des nouvelles technologies, a donc besoin de renforcer son système de financement privé, et de simplifier les stratégies de sortie pour les entreprises.
2 – Harmoniser la chaine de valeur de l’e-commerce. En Europe, il est plus facile de traverser les frontières pour les individus que pour les produits numériques. Les marchés des telcos, plateformes de vente en ligne, de paiement, de transport et logistique sont particulièrement morcelés. L’Europe est aussi confrontée à la complexité linguistique, et traduire des sites web commerçants en de nombreuses langues est très couteux. Il existe par ailleurs 250 institutions qui supervisent les problématiques de droits d’auteurs en matière de contenus numériques.
Il faudrait donc harmoniser le système avec des normes uniformes, de meilleurs processus, et une meilleure cohérence réglementaire.
3 – Développer une culture de tolérance au risque. Une des particularités de la Silicon Valley, c’est sa capacité à prendre des risques et à accepter l’échec. Selon une récente étude du Youth Business International and the Global Entrepreneurship Monitor, 40% des européens âgés de 18 à 35 ans sont dissuadés d’entreprendre par peur de l’échec, contre 24% en Afrique sub saharienne, et 28% en Amérique du sud.
Les villes leader en matière de nouvelles technologies – comme Berlin, Londres, Barcelone ou la proche Tel Aviv – doivent donner l’impulsion. Les universités jouent aussi un rôle important pour développer les écosystèmes start up, c’est déjà le cas pour nombre d’entre elles en Europe (Heriot Watt University à Edinbourg, Chalmers University en Suède, les Federal Institutes of Technology à Zürich et Lausanne, Oxford et Cambridge au Royaume Uni, etc.).
4 – Réformer les lois sur l’immigration. Le continent vieillit et une politique ouverte d’immigration aiderait à combler les ressources manquantes de jeunes talents. Selon un rapport de McKinsey, en 2025, la pyramide des âges fera perdre à l’Europe 11 millions de travailleurs, et l’Europe devrait augmenter son taux d’immigration actuel de 2,6 pour mille à 4,9 pour mille, pour compenser cette perte.
Selon le HBR, au lieu de réagir par la frustration ou des règlementations anti USA (notamment avec toutes les attaques de l’UE visant Google), le vieux continent devrait plutôt appliquer ces 4 règles…