Le Cloud est-il vert ?

Selon une étude menée par Verdantix pour le Carbon Disclosure Project (CDP), les grandes entreprises américaines (plus de 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires) pourraient réduire leurs consommation d’énergie d’environ 200 millions de barils de pétrole par an en 2020 (soit l’équivalent de 5,7 millions de voitures roulant pendant un an) en adoptant le Cloud computing.

Et selon une étude d’AT&T, la facture énergétique économisée par les grandes entreprises françaises qui ont adopté le Cloud se montera à 830 millions d’euros d’ici à 2020.

Donc ça laisse entendre que le Cloud permet de faire des économies…

Tout d’abord, le Cloud computing, c’est la virtualisation, lorsque l’on étudie l’utilisation des services informatiques dans le monde, on remarque que seulement 20 % des ressources informatiques disponibles sont utilisées. La virtualisation permet de positionner sur un serveur physique plusieurs serveurs virtuels pour augmenter ce taux d’utilisation des ressources physiques jusqu’à 60 voire parfois 80%. C’est la première source d’économie : avec le même nombre de serveurs physiques on va pouvoir faire tourner beaucoup plus d’applications et servir beaucoup plus d’utilisateurs.

Le 2eme atout c’est la mutualisation. Les opérateurs de Cloud computing ont un nombre important de clients et ils les servent tous ensemble avec la même infrastructure physique donc mutualisée. Leurs clients n’ont pas tous les même besoins en même temps. Par exemple, un e-commerçant a besoin tout au long de l’année d’une dizaine de serveurs, et à la période de Noel il en a besoin de 50 ou plus. A l’inverse, des sociétés qui ont des besoins de calculs, vont pouvoir les utiliser lorsque les e-commerçants ne les utilisent pas parce que eux à Noel ils sont en vacances, et ils travaillent par contre dès le 5 janvier. Donc chacun y trouve son compte.

Le 3eme atout c’est l’optimisation. Le Cloud rend les ressources informatiques beaucoup plus fluides, puisque on n’est pas obligé de les acheter, on les loue. Cette fluidité entraine beaucoup de concurrence sur le marché, c’est-à-dire que les opérateurs se doivent d’être de plus en plus concurrentiels, offrir une meilleure qualité de de service, et à un cout moindre. Pour ça, il faut qu’ils optimisent, qu’ils deviennent meilleurs de jour en jour. C’est donc un modèle vertueux.
Par exemple, même lorsque l’on n’utilise pas ses serveurs il faut les alimenter en énergie électrique, et les refroidir, ce qui nécessite de l’énergie. Certaines sociétés sont alors allées installer leur datacenter dans des pays où il fait froid, pour dépenser moins d’énergie en utilisant les conditions de froid naturelles. C’est le cas par exemple de Facebook qui envisage de construire un nouveau datacenter en Suède.

Mais il y a aussi des sceptiques, comme Greenpeace qui mentionne l’aspect énergivore, malgré tout, du Cloud. Car il y a par exemple les téléchargements simultanés, le stockage des données, donc une utilisation de plus en plus massive de ces datacenters.
La faiblesse, c’est le comportement parfois irresponsable de certains acteurs du Cloud computing. Greenpeace est allé en observer certains pour voir comment ils gèrent leur datacenters, et là beaucoup utilisent encore de l’énergie produite à base de charbon pour les alimenter, notamment Apple qui n’a pas accepté de répondre à Greenpeace pour son étude…

Ce genre d’étude pousse les acteurs à évoluer, ne serait-ce aussi que parce aujourd’hui être eco-responsable c’est vendeur. Par exemple, Google a créé une filiale, Google Energy, qui multiplie la production d’énergie renouvelable, ou encore Yahoo s’est situé près des chutes du Niagara pour bénéficier de l’énergie hydraulique pas chère et renouvelable, et aussi Facebook, dont les nouveaux datacenters en Suède se trouvent près d’un barrage pour envisager de l’exploiter.

Se tourner vers le green computing ce n’est pas une démarche en elle-même, adopter le Cloud n’aura pas pour première raison de devenir plus vert. Les clients cherchent des nouveaux usages, de la disponibilité, de la réactivité, et des économies car on ne paie que ce qu’on utilise. Ces économies vont de pair avec des économies d’énergie. Donc avec l’adoption du Cloud on allie avantage économique et avantage pour la planète.