L’informatique pollue, mais nous en avons de plus en plus besoin alors certaines entreprises qui ont pris conscience de cet impact montrent la voie et l’intègrent dans leur stratégie.
Selon une étude Digital Power Group (DPG), l’ensemble de l’écosystème numérique pèse maintenant près de 10% de toute l’électricité produite dans le monde, ce qui équivaut à 50% d’énergie de plus que l’aviation du monde entier. Regarder une heure de vidéo sur une tablette par semaine consomme plus d’électricité par an dans les réseaux que deux réfrigérateurs neufs selon l’étude. Dans cet exemple, sont pris en compte l’utilisation d’un réseau de télécoms, de l’infrastructure sans fil et de l’énergie pour fabriquer la tablette. Ces tendances vont rendre nécessaire l’usage de plus de charbon, estime l’étude. D’ailleurs Greenpeace a établi un classement de la dépendance au charbon des centres de données des grandes entreprises du cloud.
Elle qualifie Facebook d’ « ami des énergies renouvelables » avec sa construction d’un datacenter en Suède, pouvant être entièrement alimenté par des énergies renouvelables.
Yahoo! et Google ont aussi mis en place des stratégies de diminution de leur empreinte carbone. Néanmoins encore de trop nombreuses entreprises n’accordent pas suffisamment d’attention à la provenance de l’électricité qu’elles consomment et continuent d’avoir largement recours aux énergies « sales ». C’est à dire, des énergies carbonées et fossiles.
Jusqu’à récemment, les directions informatiques ne se sentaient pas réellement concernées par le sujet, mais la crise économique aidant, la plupart d’entre elles se sont penchées sur le sujet, au départ motivées par des raisons financières puis progressivement par les problématiques de responsabilité sociale. Selon une enquête de Verdantix, la gestion énergétique est jugée importante par 87% des entreprises interrogées.
Axa est un exemple (et pas le seul) d’entreprise qui a mis en place des actions de green IT. Elle a virtualisé ses serveurs, et mis en place un programme de mesure et suivi des indicateurs sur les consommations électriques de ses datacenters avec objectifs de réduction à atteindre d’ici 2020. Elle a aussi un programme de réduction et supervision de la gestion de ses parcs de PC et équipements. Et parfois, introduire volontairement de la complexité dans les systèmes peut servir la stratégie green IT de l’entreprise. Par exemple, rendre les systèmes d’impressions compliqués (dans leurs paramétrages) pour les utilisateurs a permis de réduire significativement les consommations de papier. Ce changement de politique n’a pas été favorablement accueilli au début mais aujourd’hui, AXA a fait de la réduction des consommations papier un critère d’intéressement de ses collaborateurs. L’entreprise a aussi mis en place de la téléconférence, du covoiturage, et a développé un environnement de travail adapté et configuré pour l’utilisateur (flex-work). Grâce aux actions menées par AXA en matière de green IT, entre 2008 et 2012, son système d’information est passé de 45% à 26% de la consommation électrique du groupe.
Le groupe Orange a lui aussi mis en place une stratégie de green IT et a pour objectif en 2020 de réduire son bilan carbone de 20% par rapport à 2006 malgré une explosion des usages. De plus, Il promeut l’écoconception, un développement « propre et économe » de logiciels, pour lutter contre le phénomène « d’obésiciel », et réduire ainsi les consommations d’énergie associées.
Le développement durable est en train de devenir un impératif stratégique pour les entreprises, au même titre que la croissance et la rentabilité. Il y a un marché pour ces acteurs du numérique qui développeront les technologies nécessaires à la réduction de l’empreinte des TIC.